L’Aveugle sur le pont de Bagdad et les 64 chameaux

Conte-énigme

Âge : 10-12 | Proposé par : IREM | Source adapté d’un conte des 1001 nuits

addition soustraction puissances

calculer raisonnement multiplicatif

stratégie

Résumé : Baba Abdallah, riche conducteur de 64 chameaux, rencontre un derviche qui lui promet de le rendre encore plus riche s'ils partagent équitablement leurs gains. Ils trouvent une caverne remplie de richesses. Après le partage des chameaux (32 chacun), Baba Abdallah manipule le derviche pour récupérer progressivement tous les chameaux.
Curieux de la boîte que le derviche a prise, Baba Abdallah apprend qu'elle contient une pommade permettant de voir tous les trésors de la Terre si appliquée sur l'œil gauche, mais qui rend aveugle si elle est appliquée sur l'œil droit. Malgré l'avertissement du derviche, Baba Abdallah exige que la pommade soit appliquée sur son œil droit. Il devient aveugle.
Le derviche s'en va avec les 64 chameaux, laissant Baba Abdallah seul et misérable. Depuis, il mendie sur un pont de Bagdad, demandant une gifle en plus de chaque aumône pour se rappeler sa folie.

Notions mathématiques : Compter avec les puissances de 2. Additions et soustractions.


À Bagdad, Baba Abdallah était conducteur de chameaux. Il possédait 64 chameaux. Cela faisait de lui un homme riche. Il louait ses chameaux à des marchands qui traversaient le désert, de Bagdad à Bassora. Ainsi il faisait du profit, grâce auquel il pouvait acheter d’autres chameaux, afin de faire encore plus de profits. Cependant, au lieu d’être heureux, Baba Abdallah se demandait toujours comment gagner davantage d’argent.

Un jour il était sur le chemin, de Bagdad à Bassora, à vide. Il s’était arrêté près d’un puits pour faire boire ses chameaux et se reposer quand il vit arriver vers lui un Derviche, tournant sur lui-même, qui s’arrêta devant lui. Les deux hommes se saluent et comme l’heure du repas est là, ils s’installent pour partager. Durant ce repas Baba Abdallah confia au derviche sa préoccupation principale : Comment gagner plus d’argent.

Le Derviche lui dit :
« A mon avis, tu travailles beaucoup pour bien peu de choses. Si tu veux m’en croire, je saurai te faire plus riche que tous les rois de la terre. Mais à condition, quand cela sera réalisé, que nous partagions comme deux frères tous les biens que je t’aurai fait gagner ».

Baba Abdallah accepte. On fait lever les chameaux, et la caravane avance jusqu’à de hautes montagnes. Il existe seulement un passage étroit où les chameaux ne peuvent passer qu’en file indienne. De l’autre côté, ils sont dans une espèce de plaine entourées de montagnes. Le derviche prépare un feu, prononce au-dessus de la fumée des incantations, et la montagne s’ouvre sur une vaste salle remplie de tas de pièces d’or, de tas de pierres précieuses et d’autres richesses.

Baba Abdallah se munit de sacs et commence à les remplir de pièces d’or, pendant que le Derviche reste tranquillement debout à l’entrée de la grotte à l’observer. Baba Abdallah pense que le derviche ne fait pas sa part du travail mais ne dit rien. Au bout d’un moment, le derviche lui dit :
« Mon garçon, tu te donnes encore beaucoup de mal pour bien peu de choses. Tu prends les pièces d’or, mais regarde plutôt ces pierres précieuses : chacune d’elles vaut autant qu’un sac d’or et pèse bien moins lourd. »

Vexé, Baba Abdallah charge des pierres précieuses jusqu’à ce que tous les chameaux soient chargés. Alors le Derviche, sans un mot, va au centre de la salle où se trouve une colonne sur laquelle est posée une petite boîte. Le derviche prend la boîte et la met dans une poche contre sa poitrine. On fait lever les chameaux et on reprend le chemin jusqu’au puits.

Au moment du partage, Baba Abdallah évoque un certain nombre de raisons pour ne pas faire le partage : Ce sont ses chameaux qui portent la charge, sans lui le derviche n’aurait rien pu prendre, c’est lui qui a fait tout le travail, le derviche n’a fait que regarder, et puis le derviche est un homme de prière qui a fait vœu de renoncer aux biens du monde, que ferait-il de cet argent ?

Le derviche évoque la parole donnée, le fait que sans lui Baba Abdallah n’aurait jamais trouvé la caverne, qu’il ne connaît pas la formule pour faire ouvrir la grotte, et qu’il distribuera sa part aux pauvres et aux nécessiteux.

On partage : 32 chameaux pour le Derviche, 32 chameaux pour Baba Abdallah.

Mais au bout de quelques pas, Baba Abdallah va vers le Derviche, le persuade que mener 32 chameaux dans le désert est une tâche difficile pour un homme qui a consacré sa vie à la prière. Le derviche finit par céder la moitié de ses chameaux.

Chacun repart de son côté :
- Baba Abdallah avec 48 chameaux, le derviche avec 16 chameaux.
- Puis 56 chameaux pour Baba Abdallah, 8 pour le derviche.
- Puis 60 chameaux pour Baba Abdallah, 4 pour le derviche.
- Puis 62 chameaux pour Baba Abdallah, 2 pour le derviche.
- Puis 63 chameaux pour Baba Abdallah, 1 pour le derviche.
- Enfin, Baba Abdallah obtient tous les 64 chameaux.

Mais il demande au Derviche ce que contient la petite boîte. Celui-ci répond :
« De la pommade. Si tu en passes sur ton œil gauche, tu peux voir tous les trésors de la terre. Mais si tu en passes sur ton œil droit, tu deviens aveugle. »

Le Derviche s’exécute, mais Baba Abdallah demande qu’on lui mette la pommade sur l’autre œil, malgré les supplications du Derviche. Baba Abdallah devient aveugle.

L’histoire dit qu’une caravane qui passait par là a recueilli Baba Abdallah et l’a conduit jusqu’à Bagdad où, depuis, il reste assis en tailleur sur le pont qui sépare les deux rives du Tigre en demandant la charité aux passants. Mais chaque fois que l’un d’eux glisse une pièce dans sa main, il lui demande de lui donner, en plus, une gifle, afin de ne pas oublier son histoire.

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