Les deux Oursons et le renard

Conte d'animaux

Âge : 7-9 | Proposé par : LGO | Source Natha Caputo

addition soustraction comparaison tailles égalité et inégalités fractions limites convergence nombres proportions taille visualisation espace

calculer chercher modéliser raisonner

confiance en soi gestion de l'erreur optimisation pensée critique persévérance résolution de problèmes

Commentaire pédagogique : Ce conte parle de comparaison de quantités, d'égalité impossible dans les faits, du fait qu'il faut parfois se contenter d'une répartition inégale. Il s'agit d'une incapacité à gérer l'erreur qui prive les oursons de leur fromage.
Faire des mathématiques c'est raisonner juste sur des figures fausses, modéliser une situation réelle nous amène aussi à considérer comme égales des grandeurs en fait légèrement différentes.

Résumé : Deux oursons trouvent un fromage et tentent de le partager, mais un renard rusé intervient.


Loin derrière les montagnes bleues, loin derrière les prairies vertes, il y avait une merveilleuse forêt où personne ne venait. Et au cœur de cette merveilleuse forêt où personne ne venait, à l’endroit le plus touffu, le plus épais, vivait une vieille mère ourse. La vieille mère ourse avait deux fils, deux oursons qu’elle soignait tendrement, les nourrissant de lait et de miel. Quand les oursons devinrent grands, ils voulurent tenter fortune et aller voir ce qui se passait dans le monde.

— Mère, dirent-ils, nous voudrions sortir de la forêt, regarder les prairies vertes, regarder les montagnes bleues.

Mère ourse serra bien fort ses petits dans ses bras et les embrassa.

— Allez, mes oursons, dit-elle, allez voir le monde. Mais promettez-moi de toujours rester ensemble, quoi qu’il arrive.
— Oui, mère, répondirent-ils. Nous te promettons de ne jamais nous séparer.
— Ainsi serai-je plus tranquille, soupira la vieille ourse.

Et elle leur prépara pour chacun un petit baluchon avec des provisions.

Les deux oursons se mirent en route. Ils traversèrent la forêt et arrivèrent à la lisière. Là s’étendaient les prairies vertes.

— C’est très joli, les prairies vertes, dit le premier ourson.

— Oh ! oui, c’est très joli ! dit le deuxième. Après s’être reposés un moment, ils se remirent à marcher. Ils marchèrent un jour, ils marchèrent deux jours.
Bientôt, il n’y eut plus de provisions dans les petits baluchons ; et, dans les jolies prairies vertes, les oursons ne trouvaient rien à manger.

— Oh ! frère, que j’ai faim ! gémissait le plus jeune des oursons.
— Et moi encore plus, répondait le plus vieux d’un air désolé. Mais avançons encore un peu, peut-être trouverons-nous quelque chose.

Ils continuèrent donc à marcher au milieu des prairies vertes. Et, tout à coup, l’un heurta du pied une boule ronde.

— Oh ! frère ! Regarde ! C’est un fromage ! cria-t-il.
— Quelle chance ! cria l’autre. Nous allons le partager !

Mais, au moment de fendre en deux le fromage, les oursons s’arrêtèrent. Et si les deux morceaux n’étaient pas pareils ?

— Si l’un des morceaux est plus gros, il sera pour moi, déclara le plus jeune des oursons.
— Pas du tout ! se fâcha l’autre ourson. Je suis le plus vieux, et il sera pour moi !
— Non, pour moi ! glapit le plus petit. Ils se disputèrent tant et firent tellement de vacarme qu’un renard attiré par le bruit s’approcha.
— Eh bien, que vous arrive-t-il, petits oursons ? demanda le renard. Qu’avez-vous à vous disputer ?
— Nous voulons partager le fromage ! crièrent ensemble les deux oursons. Et nous en voulons chacun autant !
— En voilà une affaire, répondit le renard en riant. Ce n’est pas difficile. Donnez-moi ce fromage, et je vous ferai deux parts égales.
— Quelle bonne idée, dirent les oursons, enchantés. Partage vite, renard, nous avons faim !

Le rusé renard prit le fromage et le brisa en deux. Mais il fit en sorte qu’un des morceaux fût plus gros que l’autre.

— Le plus gros est pour moi ! crièrent les deux oursons d’une seule voix.
— Allons, allons, dit le renard. Calmez-vous ! Je vais les égaliser. Vous en aurez chacun autant.

Et il mordit dans le plus gros des morceaux.

— Hum ! il est délicieux, ce fromage, dit le renard en avalant ce qu’il avait mordu. Mais il avait si bien mordu que le morceau était devenu plus petit que l’autre.
— Oh ! firent les oursons inquiets, ils ne sont pas pareils maintenant non plus !
— Attendez, attendez ! Je sais ce que je fais, dit le renard en arrachant une bonne bouchée de l’autre morceau, qui devint à son tour plus petit.
— Mais ils ne sont toujours pas pareils ! crièrent les oursons, de plus en plus inquiets et furieux.
— Un peu de patience, voyons ! dit le renard, la bouche pleine. J’en coupe un tout petit bout au morceau le plus gros et tout ira bien...

Et il l’entama de façon que le morceau devienne à son tour plus petit que l’autre... Et il mordilla de nouveau l’autre morceau. Et il mordilla ainsi chaque morceau tour à tour sans jamais les égaliser tout à fait.

— Il y en a toujours un plus gros que l’autre, criaient les oursons.
— Mais non, mais non, disait le renard. Laissez-moi faire !

Et il coupait d’un côté, puis il coupait de l’autre, tandis que les museaux noirs des oursons suivaient ses mouvements du plus gros morceau devenu le plus petit au plus petit devenu le plus grand... Tant et si bien qu’à la fin, il ne restait presque plus rien, sauf deux petits bouts de fromage bien égalisés de tous les côtés : le renard avait bien déjeuné.

— Et voilà, dit le renard. À votre tour, maintenant. Il n’en reste pas beaucoup, mais vous en avez chacun autant ! Bon appétit, petits oursons trop gloutons !

Et il se sauva. Les oursons n’étaient pas contents, mais pas contents du tout. Et c’était tant pis pour eux, non ?

📑 Exporter en PDF